J’ai photographié les personnes dans une relation de jeu avec des accessoires. Ils choisissaient eux-mêmes ces accessoires dans un lot que je leur proposais. Certains préféraient se laisser guider par mes suggestions, d’autres encore apportaient quelquefois leurs propres objets.
L’objet n’est pas là pour souligner la personnalité de l’individu, lui faire écho dans un rapport d’illustration. Il ne s’est d’ailleurs jamais agi dans ces portraits de présenter une image de soi, fonction très illusoire de la photographie en général et de la photographie de portraits en particulier. Ce n’est pas une capture de soi, ça n’a pas de fonction de reflet ne serait-ce que d’un bref éclat de soi. L’accessoire permet justement de décaler cette prétention de reflet de soi et d’interrompre l’illusion d’une expression de soi dans une image, car l’accessoire introduit la dimension du jeu.
On décide de poser, on prend la pose et l’on entre dans un rôle ; on joue. Comme Luc qui, avec son seul blouson porté exprès pour la circonstance, a voulu poser en « Johnny » qu’il vénère.
Nous avons délibérément construit une scène, une représentation théâtrale, dans laquelle chacun des modèles a produit un montage de soi avec un accessoire, comme dans une rencontre dont on ne maîtrise pas d’avance l’effet.